Thursday, February 23, 2006

L’endettement




Depuis longtemps déjà je voulais vous parler de ce sujet de l’endettement des familles ici et des conséquences dramatiques.
Nous sommes très régulièrement confrontés à cela et hier encore une femme est venue me voir au bureau pour me demander de l’aide.
Les familles pauvres ici (comme bien souvent ailleurs) ne peuvent pas bénéficier d’emprunt à la banque faute de garantie de remboursement. Il existe donc un bon nombre d’usurier qui prêtent à des taux horriblement hauts. Le système consiste à ne rembourser tous les mois que les intérêts qui s’élèvent en moyenne à 15% de la somme empruntée. Mais le capital n’est pas compris dans le remboursement et il est à rembourser en une seule fois. La garantie prise par le prêteur ne pouvant être un salaire – les gens qui empruntent n’ayant aucun revenu fixe- c’est le terrain ou la maison qui sont pris en gage. Et pour compliquer l’affaire c’est souvent la famille ou les amis qui prêtent le terrain à mettre en gage.
Dans le meilleurs des cas l’emprunteur réussit péniblement à rembourser les intérêts. Mais cela peut durer des années car il lui est impossible de rembourser le capital. Au bout de quelques années, l’usurier fait son apparition et exige le remboursement de sa dette. C’est alors que nous voyons arriver les femmes (pour faire court, les hommes généralement oublient leurs soucis dans l’arac, alcool local) totalement désespérées qui nous demandent de leur venir en aide.
Ces cas reviennent malheureusement trop souvent et il nous est impossible généralement de les aider, les sommes empruntées étant relativement élevées, de l’ordre de 5 à 6 000 euros. Ils nous supplient alors de racheter leur maison ou leur terrain pour qu’ils puissent se sortir d’affaire.
Ici les banques solidaires de micro crédit sont beaucoup moins bien implantées que dans l’autres pays comme l’Inde ou l’Amérique du sud. Mais le manque d’entrain au travail et l’impossibilité de mettre de l’argent de côté me laisse sceptique quand à la mise en place de micro crédit. Dans l’équipe, nous avons chacun notre tour voulu aider mais nous n’avons jamais revu la couleur de notre argent.
C’est un vrai déchirement que de recevoir ces femmes en pleurs et d’être dans l’impossibilité de les aider.

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