Friday, January 27, 2006

Visite de l’usine de tissage

(j'avais oublié mon appareil photo....désolée, pas d'image)

Grande bâtisse des années 30, originellement blanche, aujourd’hui grisée par le temps. Tout autour des champs de cannelle. Sur la coté droit, sous un immense auvent, de grandes bassines en aluminium reliées par de multiples tuyaux. C’est ici que l’on lave et teint le coton à son arrivée d’Inde. Deux hommes sont préposés à cette tache, le système est moderne et répond aux normes européennes nous dit Ajith, le propriétaire du lieu (diplômé de l’école de textile de Manchester en Angleterre). Il est seul habilité à faire la recherche des couleurs. Au rez de chaussée, un immense espace où dorment des machines outils éparses. Espace fantomatique, abandonné à la poussière, aux araignées, à la rouille….mangé par le temps. Des fils sont tendus de toute part entre les machines et c’est là que sèchent les bobines de fil de coton multicolores. Je remonte le temps : qu’a pu être ce lieu au début du siècle, avec des machines rutilantes et des ouvriers en grand nombre. J’imagine soudain tous les moteurs en route, les ouvrières assourdies par le vacarme, les couleurs, les odeurs….mais l’époque n’est plus la même et le métier de tisserand à du laisser la part du marché aux synthétiques et aux machines. Ajith a repris l’entreprise de son père et de plus de 100 ouvriers ils sont passés à 12 .

Nous montons à l’étage par un escalier extérieur en ferraille rouillé et nous pénétrons dans une pièce immense, relativement sombre. A ma droite des carcasses de vieilles machines, sur la gauche des fils tendus où sèchent des bleus de chauffe et plus loin des pièces de tissu semblables à de vieux torchons.
En avançant vers la lumière, que diffusent de grandes fenêtres, je trouve un groupe de femmes concentrées sur d’immenses métiers à tisser. A leur gauche, assises sur des tabourets bas, des fileuses. Elles mettent en bobines les fils coton fraîchement teintés et approvisionnent les tisseuses de canettes de couleurs. Ces dernières, juchées sur un banc relativement haut dansent en cadence. Les pieds dans un rythme régulier et rapide appuient simultanément sur des pédales en bois, qui actionnent l’ouverture et la fermeture des chaînes de tissu verticales. Pendant ce temps, la main droite actionne avec force une poignée, située à la hauteur de leurs visages ce qui entraîne la canette de droite à gauche et de gauche à droite. La cadence est soutenue, l’ensemble est assourdissant, les canettes s’entrechoquant à chaque extrémité donnent l’illusion d’un concert de tambours…..Au milieu de ce vacarme, les femmes sourient, rient, échanges des mots …, Ajith est un patron humaniste et ouvert, il est souvent à Colombo. Pas de contremaître, les femmes organisent leur travail entre elles, les horaires sont souples, elles sont payées au mètre linéaire.
L’endroit est étrange, irréel, un décor de film, la fin d’une époque…les tissus sont splendides, les couleurs illuminent ce lieu grisé par le temps.
Les femmes ce jour là sont peu nombreuses, Ajith témoigne, avec lucidité et sans jugement ; Les victimes du Tsunami préfèrent rester dans les maisons temporaires et attendre l’aubaine possible d’un voyageur sensible ou d’une ONG généreuse plutôt que de venir travailler. C’est une catastrophe pour l’économie locale, en particulier la culture de cannelle qui souffre de manque de main d’œuvre.

Je repars avec ma commande de tissu, ces beaux cotons tissés seront rapidement utilisés par les couturières de Mirissa pour réaliser la collection des sacs CITY (que vous connaissez sous le nom de HWB , hand woven bag). Je suis contente de pouvoir faire travailler cette petite entreprise familiale et sympathique. Ils mettent beaucoup d’espoir dans le succès de la vente des sacs, ce nouveau débouché est aussi très important pour eux.

1 Comments:

Blogger annibor said...

Dommage que tu aies oublié ton appareil photo car ta description des lieux donne envie d'en voir plus... il faut dire que j'aime beaucoup les vieilles usines, empreintes de la vie passée cachée sous la poussière et la rouille, qui les rendent parfois très belles malgré l'absence.

1/28/2006 4:05 AM  

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