Thursday, March 15, 2007

Je vous transfert le blog de Simon !

Simon est revenu à Mirissa depuis quelques semaines, il vous fait vivre au jour le jour les nouvelles aventures du village et de l'association.

Ayubowan Café
Sri Lanka, Mirissa, 2 ans apres le Tsunami, il s'en passe encore des choses ici...
15 mars 2007
After long time! C'est la formule utilisée quand on ne vous a pas vu depuis longtemps...et ça fait 5 mois maintenant. Quel plaisir de retourner au pays! Au poste d'immigration, le premier mouvement de tête - que seul un sri lankais peut faire correctement et qui signifie "d'accord" - (ça y est le tic m'est revenu); à la sortie, Saranga et Christel qui m'attendent comme prevu mais aussi Manju et bien sûr Asanga, le chauffeur. Nous voilà partis pour les 6 heures de route habituelles pour parcourir les 150 kilomètres qui nous séparent de Mirissa. On s'arrête boire un thé, bien sûr, dans un de ces buibuis sur le bord de route. Et puis, un check point, la police vérifie les passeports des sri lankais à l'entrée de la capitale. Les odeurs, la temperature, la moiteur ambiante... Quel plaisir de retrouver tout ça! Nous arrivons vers 5 heures du matin, ils me déposent chez moi, ou plutôt chez Christian qui rachète ma maison et la transforme pour en faire un gîte à louer. Le lendemain, il me tarde d'aller boire le thé quotidien chez Vishaka, quelles retrouvailles, les larmes nous montent aux yeux. "C'est fou" (comme nos amis sri lankais ont appris à dire) comme les sentiments sont exacerbés ici. Et puis me voila à l'atelier-magasin d'Ayubowan, c'est Teacher qui m'accueille en premier, fidèle au poste puis le frère de Vishaka, la comptable, qui tient l'épicerie au rez de chaussée, ensuite quelques femmes assises derrière leur machine à coudre... L'ambiance est là, tout est comme avant, il ne manque plus que Buddhika qui sort du bureau et me propose, bien sûr, une tasse de thé que je ne peux refuser. Bon, eh bien, il y a du boulot! Je peux vous le dire, ça fait maintenant 10 jours que je suis là et je n'ai pas arrêté une minute, tout d'abord l'élaboration d'un catalogue de la gamme suite à la demande d'une cliente qui veut importer nos produits dans sa boutique à Brisburn (je ne sais pas comment ça s'écrit mais c'est connu et en Australie). C'est pas une mince affaire entre prendre les photos, les detourer avec photoshop puis faire les 4 versions: en francais, en anglais, les prix au sri lanka et les prix à l'export...

Paduma

C'est une belle journée...
Allez je vous fait profiter des bonnes nouvelles de la journée, pourquoi s’en privé… Ca fait un mois que je suis là et je n’ai pas pris le temps de visiter certains de mes amis. J’avais donc décidé cet après midi de commencer la tournée. Je pars donc en tuk-tuk avec Buddhika direction la maison de Paduma, une dame qui avait le cancer, je dis bien qui avait, elle va beaucoup mieux et très contente de voir ses cheveux repousser.




Après un thé au lait trop sucré, nous partons chez les Dixon. Mr Dixon est là et m’annonce qu’il a reçu une nouvelle maison dans un village Tsunami. Sa maison n’a pas été touchée par la vague mais vivant sur la côte, ils sont relogés par raison de sécurité (D’un autre côté, des rumeurs circulent sur la réquisition des terrains côtiers). Bref, très fier, il nous emmène à 15 minutes de là dans les terres…Et là, on se croirait dans un film américain, une centaine de maisons neuves ont été construites sur le versant d’une colline ainsi qu’ un temple au sommet. Les maisons sont très bien, elles sont complètement finies, elles ont été un peu meublées, des arbrisseaux sont plantés dans les jardins encore nus ; ils sont même allé jusqu’à mettre des tuiles sur le toit pour la fraîcheur…Le top pour des maisons tsunami et vous serez contents d’apprendre que la Croix Rouge Française à participer à ce projet.



Sur le chemin du retour, nous passons devant une maison en construction, je connaissais la famille qui vivait là, le jeune fils de 3 ans avait un cancer de la gorge. On me dit que c’est la même famille, elle a reçu une donation et se fait construire une maison. On me dit également que le petit est guéri !

Petha

Ca faisait longtemps… Me voila parti pour Colombo pour les traditionnels deux jours de paperasseries et la tournée des boutiques du quartier de Petha. Je ne parle pas de shopping, c’est le sentier, des centaines de boutiques : certaines spécialisées dans les tissus, d’autres dans les boutons et les fermetures éclaires… Heureusement, désormais nous avons nos bonnes adresses : « Welcome » pour les tissus à fleurs et les cotons pas cher, « Daewoods » pour les zips, « Pilot » pour la papeterie et « Monara trade center » pour le lin. C’est cette dernière boutique la plus chaleureuse, je suis accueilli à bras grands ouverts, une bouteille d’eau fraîche, puis une tasse de thé… Il faut dire que je vais y laisser une jolie somme. Le stock de tissus à l’atelier est vide, il faut faire le plein pour les prochains mois.





Le retour

Le trajet de retour sera infernal. Les japonais et les chinois sont en train de refaire toute la route qui longe la côte de Colombo à Matara. La nouvelle route est belle, large et plate ; le problème est que les sri lankais qui déjà conduisaient comme des fous se lâchent : ils roulent plus vite, ça double dans tous les sens, on se retrouve à 4 voies au lieu de 2… (Si Sarko n’est pas élu, y a du boulot pour lui ici !) La circulation était donc alternée sur une cinquantaine de mètres pour la réparation d’un pont mais au lieu d’attendre leur tour, les conducteurs de mon côté, Assanga, mon chauffeur parmi eux, se sont avancés quand même avant de se rendre compte que ça boucherait toute la circulation… il faudra bien une heure et demi pour rétablir la situation, ils sont « … » parfois ! Une cinquante de kilomètres plus loin, ce sera crevaison. A la lumière d’un petit temple sur le bord de la route Assanga répare la roue mais il oublie de faire quelque chose ce qui déclenchera un bruit et une secousse régulière pendant les 10 km qui nous séparent de la prochaine station service. La roue mieux fixée, nous repartons pour arriver au milieu de la nuit épuisés après une journée et un trajet difficiles.




Le magasin

Les stocks réapprovisionnés, on peut reprendre la confection de vêtements, Solène en a besoin pour une vente dans deux semaines. Je fais venir toutes les femmes et leur remet du travail. « Je voudrait ce pantalon de pêcheur en lin de cette couleur. Il me faudrait cette chemise dans ce tissu, une S, une M et une L » « Ah bah non ! » me répond on. « On ne fais plus de M » « Aye naté ? » « Car on a plus les étiquettes de taille M ». Devinez où ça s’achète… à Petha ! En rogne, me voilà à Matara dans l’espoir d’en trouver, je fais les cinq boutiques susceptibles d’en avoir, la seule qui les vend n’a plus de M. Qu’à cela ne tienne, je pars pour Weligama, 20 km plus loin, pour faire d’autres boutiques, heureusement je trouve mes étiquettes et nous pourrons donc reprendre la confection de vêtements en taille M ! J’ai acheté des portants à Colombo pour suspendre les T-Shirts, c’est l’occasion de quelques aménagements dans la boutique, c’est de mieux en mieux. Venez donc y faire un tour !





Les nouvelles couleurs des pochettes Lagoon . Les petites trousses à stylos. La petite trousse de toilette. La grande trousse de toilette. Et puis, il y a le site internet à mettre à jour, c'est Vishaka la gérante de l'internet café qui est contente: plus de 7 heures à 4 rupees la minute... vous avez intérêt à acheter d'autant plus que les prix ont baissé, la gamme a évolué et s'est diversifiée... RDV tout de suite sur ayubowanwp.org


Christel et la construction des maisons







Et puis, il y a Christel. Vous vous souvenez, Christel était là lors de l'élaboration du projet, elle a fait beaucoup avec Solène avant mon arrivée notament au niveau des photos, c'est son métier. Et puis, elle a suivi différents projets mais a toujours été là pour nous soutenir et nous aider. Aujourd'hui encore! Solène a recu de la "Fondation de Lille" une donation pour acheter un terrain afin de reloger 5 familles qui étaient restées seules dans un camp car n'étant pas propriétaires les ONG ne voulaient pas leur donner de maison. Après investigations et inspections, une autre spécialité de Christel, il se trouve que finalement les familles ont été relogées. Alors que faire? Rendre l'argent ou bien proposer de s'occuper d'autres familles dans le besoin? Ca sera beaucoup de boulot mais ça vaut le coup. Christel se charge donc de trouver les nouvelles familles à aider et de demarrer les chantiers. Elle constitue son équipe de choc, comme elle dit, de Saranga comme traducteur, Thamira comme chauffeur et Raja en tant que chef de chantier. Ce sera des maisons en bois mais pas des cabanes tsunami, de belles maisons de 50 m2 avec fondation. La première maison Ayubowan a donc été inaugurée selon la tradition lundi 26 février à 6h55 du matin par les moines du temple voisin. Le lait doit déborder pour porter chance à la famille dans sa nouvelle maison. Comme tout cela ne suffit pas, Christel a aussi accepté de venir en aide aux "Pompiers de Grasse et Menton" qui ont une association financée entre autres par Albert de Monaco. Leur projet est aussi dans la reconstruction mais cette fois "en dur", l'équipe de pompiers restera à Unawatuna, à environ 45 min de Mirissa, pour bosser sur 6 chantiers, tandis que Christel gerera les chantiers de Mirissa... Devant la tâche, je me suis proposé de lui donner un coup de main. Là, c'est les poses de première pierre qui nous font nous lever à l'aube car il y a encore tout un rituel religieux et astrologique. La dimension d'une maison est elle-même faite par un astrologue, si un côté de la maison fait 7,8 m de long, l'autre côté ne fera pas 10 m ou 12 m mais dépendra d'un calcul savant... soit 9,6 m. La maison de Manju est en attente depuis 6 mois faute de moyens. Le chantier reprend enfin avec la pose des fenêtres.

Suite

Du côté de la construction des maisons c’est pas triste non plus ! Trois des chantiers avancent plus ou moins bien suivant l’arrivage du bois ou si les parpaings sont bien alignés, il faut sans cesse vérifier ce qui vient d’être fait dans la journée mais une fois les corrections faîtes on avance à un bon rythme. Christel ne s’est pas encore arrachée tous les cheveux mais on n’en est pas loin. La grosse galère de la semaine, c’est surtout les histoires de terrains. Entre les donations, les indivisions, les actes de propriété pas clairs… Trois avocats sont sur le coup ! Enfin, tout s’éclaircie, les maisons de la grand-mère et celle de son neveu ont démarré hier matin et ce matin le bulldozer est venu nettoyer le terrain du pêcheur.

Mésaventure de Simon

Vous me direz que mon séjour est bien calme si on regarde ce qui se passait l’année dernière à la même période, je vous réponds que non car l’autre soir vers 21h30, je me décide à rentrer à pied chez moi, comme je le faisais avant quasiment tous les soirs, et bien, il aura fallu d’une fois… Normalement Saranga ou Dassun me ramène en scooter mais là ce n’était pas tard et une petite ballade, walkman sur les oreilles, m’aurait fait du bien. Au carrefour d’abord, un gars m’approche mais il est retenu par son copain, je les contourne et poursuis mon chemin tranquillement. Cinq minutes plus tard, j’entends les gars débouler en courant derrière moi, juste le temps de traverser la route et de me réfugier chez le ferronnier du coin. Je lui explique en cinghalais ce qui se passe, il me fait signe de le suivre, on retourne dans la cour, les gars se sont déjà éloignés. A ce moment, Dassun et Christel arrivent en scooter, ils s’arrêtent, je raconte ce qui vient de se passer et les deux mauvais bougres reviennent à la charge… Impossible de les calmer, ils sont complètement imbibés d’Arack, le whisky local qui fait ressortir tout ce qu’un homme à de mauvais en lui, on peut le lire dans leurs grands yeux noirs et furieux. Bref, je suis à l’abri avec le ferronnier, il connaît les gars mais surtout il a un air d’Obélix en sarong. Un tuk-tuk passe par là et propose d’emmener les deux gars acheter des cigarettes ; la voie est libre, tout le monde peut rentrer chez soi.
Des nouvelles de Saranga


Allez je ne vous laisse pas avec que des aspects négatifs… Vous rappelez vous du petit Saranga ? Le gamin qui a perdu sa mère, son père est alcoolique, j’ai essayé de lui trouver un boulot mais sans succès face à sa fainéantise… Eh bien, grande nouvelle : il travaille. Avec son père, il fabrique de briques en terre… Ils n’ont pas l’air d’avoir un rythme infernal mais c’est déjà ça…

Dharshani

Et puis, Dharshani, la femme qui imprime les T-Shirts, elle a reçu une nouvelle maison où elle s’est installée vendredi avec son mari, son fils de six ans et sa petite fille de cinq mois. Il reste beaucoup à faire dans la maison mais avec le salaire qu’on lui donne, elle pourra aménager la maison petit à petit. Le gars chargé de la finition des maisons (portes, fenêtres et enduis intérieurs) est en procès pour avoir détourner l’argent en s’achetant un bateau…