Saturday, June 17, 2006

Simon est en vacances

Simon est parti la semaine dernière, après huit mois consécutifs au Sri Lanka… Il va prendre un peu le large. L’itinéraire : Thaïlande, Chine et Japon ; vous pourrez suivre son périple à travers son blog :ayubowancafe.blogspot.com. Vacances bien méritées après tant d’efforts pour mettre en place l’Ayubowan café. Il a mis toute son énergie pour restaurer deux lieux différents devant accueillir son projet de boutique et de restaurant, lieux conviviaux ouverts aux sri lankais et aux touristes. Il a du finalement renoncer devant les pressions et les suspicions. Il a été là jusqu’au bout ; il a déménagé une troisième fois la boutique qui sera désormais réduite à sa plus simple expression, installée dans un coin de l’atelier. Nous avons partagés beaucoup de moments très forts avec une grande complicité. Quatorze mois de partage à Mirissa, d’abord au sein de « Mirissa for life », ensuite avec le projet Ayubowan. Une très belle rencontre humaine et une belle collaboration. Nous nous retrouverons à Mirissa au mois d’Août, avant qu’il ne reparte travailler en France.

Des nouvelles des six familles




Je vous ai parlé la semaine dernière de plusieurs familles à reloger.
Les choses avancent et j’ai bon espoir de voir ce projet aboutir. Deux associations françaises ont proposé de nous aider pour l’achat d’un terrain. Mais pas d’enthousiasme trop rapide, nous sommes au Sri Lanka et rien n’est simple. Voici la situation.

Les familles actuellement propriétaires de terrain - dans la zone des 100 mètres par rapport à la mer - se sont vues remettre d’autres terrains par l’état sur lequel les O.N.G. ont construit des maisons. L’Etat, en contrepartie, récupère ces terrains situés le long de la mer, officiellement pour protéger le littoral…

Le problème aujourd’hui, c’est que les enfants après leur mariage ont construits sur les terrains de leur parent. Ces derniers sont relogés mais ils n’ont pas de terrain autour et ne peuvent donc pas accueillir leurs enfants, ceux-ci n’ont donc plus d’endroit où loger. Actuellement l’Etat refuse de leur céder un terrain et les ONG en place ne peuvent ni acheter de terrains ni même construire sans l’autorisation de l’Etat.

L’O.N.G. Caritas avec qui je suis en contact est très favorable à ce que de petites associations qui n’ont pas de compte à rendre à l’Etat puissent faire don de terrains aux familles.
Celles-ci pourront dans un premier temps « y poser » leurs maisons provisoires en attendant que l’Etat n’assouplisse ses réglementations et que ces familles puissent elles-mêmes construire leurs maisons en dur. Une fois ces familles dénombrées, il faut que je rassemble tous les documents nécessaires et que je trouve des terrains à vendre (j’en ai trois en vue). Je compte faire appel à des associations susceptibles d’aider pour le financement et faire transférer l’argent par un notaire…

Le mariage de Nirangela


Après consultation de l’horoscope, le jour du mariage a été fixé le jeudi 8 juin à 9h36 ! Grande précision qui n’a pas empêché la famille de la mariée de se tromper de date. Nous sommes donc arrivés fièrement et comme prévu le 7 au matin pour trouver la famille en train de petit-déjeuner et très étonnée de nous voir arriver la veille du mariage ! Qu’à ne cela tienne : on est là, on y reste. Cela nous a permis de participer aux préparatifs du mariage, finalement aussi intéressants que le mariage lui-même.
Pour un pareil évènement, il faut repeindre entièrement la maison et très rapidement nous nous nous sommes retrouvés, Simon et moi, un pinceau à la main. Six heures plus tard nous avions fini de repeindre les sols extérieurs.
Parallèlement, une structure se monte et se décore dans le jardin ; les 200 chaises plastiques sont livrées ; et le rice and curry se prépare en cuisine.
Le grand jour arrive, la mariée porte un beau sari crème et son futur mari porte l’habit traditionnel de Kandi. Pas de cérémonie religieuse mais un rituel géré par le photographe qui fait office de maître de cérémonie. Vient l’heure du déjeuner où chacun, son assiette à la main, s’assied en rang sur les fameuses chaises en plastiques. Les hommes d’un côté, les femmes de l’autre dans un silence quasi religieux. Puis longue attente avant les différents discours (sous une pluie battante) avant le départ des mariés pour leur nuit de noce dans un hôtel des environs. Le départ de la mariée se fait dans un flot de larmes. Nirangela a 28 ans et quitte sa famille pour la première fois pour aller vivre définitivement avec son mari. Un vrai déchirement.



Nous faisons la route de retour de nuit à l’arrière du pick-up d’un de mes amis de Humgama qui nous invite à passer le week-end suivant chez eux.

Friday, June 16, 2006

Week-end à Humgama

Après quatre heures de route dans un bus bondé, nous retrouvons nos amis. Accueil chaleureux et rythme soutenu en compagnie des enfants (cinq enfants charmants de 7 à 21 ans) ; baignade, promenade, jeux de billes, de cartes, avant d’aller voir le défilé. C’est l’anniversaire de l’arrivée du bouddhisme au Sri Lanka. Danses et chants se succèdent.


Le lendemain, à 4 heures du matin, branle bas de combat, grand départ pour le lieu saint de Kataragama. On « charge » à l’arrière du pick-up les six enfants, la grand-mère infirme, la tante, et…. l’énorme chien ! Nous nous trouvons une petite place au milieu de tout ce monde.



Deux heures plus tard nous arrivons. Quatre des membres de la famille revêtus de blanc partent au temple. Nous les retrouvons tous un peu plus tard et nous passons la matinée à faire la sieste sur des nattes, allongés à l’ombre. Doux moments de farniente.


Nous quittons nos amis vers midi pour arriver à l’heure à l’orphelinat de Matara… C’est notre seul jour autorisé de visite ! Mais notre bus après trois heures de route nous laisse au bord du chemin après s’être couché sur le bas-côté, nous finissons notre voyage en tuc-tuc !


Les enfants de l’orphelinat de Matara




Nous sommes donc allés dimanche avec Simon voir les enfants de l’orphelinat de Matara. Depuis un an et demi, nous allions tous les dimanches jouer avec ces enfants. Mais en avril et sans explications, les responsables de cet orphelinat ont décidé que nos visites ne se feraient qu’une fois par mois et qu’elles ne dureraient plus qu’une heure. Cette décision arbitraire a été très dure à accepter et c’est la première fois que je revenais à l’orphelinat. J’ai été ravie de retrouver les enfants mais très frustrée de ce temps si limité, si court.

Monday, June 05, 2006

Pas d’inquiétude…


Nos blogs ont peut être été un peu alarmistes, mais tout ne va pas mal !!
L’ambiance à l’atelier est toujours joyeuse et les femmes intégrées dans le projet couture sont plus que jamais décidées à continuer le projet avec nous !
Deux nouvelles femmes du camp ont intégré l’atelier et apprennent à coudre les sacs, elles sont motivées et viennent travailler de 8 heures du matin à 16 heures sans lever le nez.

Nous sommes sur tous les fronts !

La gay pride :

Nous avons lancé une nouvelle collection avec le logo aux couleurs de l’arc en ciel…que nous vendrons lors de la gay pride à Paris le 24 juin ! C’est très beau ! Tout le monde est en pleine effervescence car l’échéance est courte et je veux repartir avec 500 sacs, porte-monnaies, T-shirts…




La coupe du monde de football

Regardez bien le mondial !
Chacun des joueurs de l’équipe de France a reçu un sac Ayubowan, peut-être verrez vous à la télévision, ou dans un magazine, un joueur posant fièrement avec nos sacs !!

Beaucoup de passage à l’atelier…

De plus en plus de femmes, du camp ou d’ailleurs, passent à l’atelier pour demander d’intégrer le projet couture. Il nous apparaît maintenant clair qu'un travail « salarié » leur convient beaucoup mieux que d’avoir leur propre « entreprise ». Mais malheureusement, nous ne pouvons pas embaucher tout le monde.
Je continue mes entretiens avec les femmes du camps. Deux d’entre elles vont ouvrir une petite épicerie dans le nouveau lotissement (il y a plus de cent maisons), une autre femme qui réalisait des jardinières en ciment veut reprendre son activité. Pour la quatrième, je suis allée à Matara aujourd’hui lui acheter une « gazinière » et une grande bassine pour la cuisson de 20 kg de riz, ce qui lui permettra de faire des « lunch paquets ».

Six familles à reloger




Nous essayons Simon et moi de trouver les fonds nécessaires auprès d’associations pour pouvoir acheter un terrain afin de reloger six familles. Toutes les familles ont reçu une nouvelle maison, sauf quelques unes, qui n’avaient pas de terrain à l’origine, mais juste une maison construite dans le jardin d'un voisin. Pour ces familles là, L’ONG Caritas veut bien construire gratuitement des maisons mais il faut qu'elles aient un terrain. Evidement elles n’ont pas le premier centime pour l’acheter.
Donc nous mobilisons nos forces pour trouver une solution….Ces familles risquent bientôt être expulsées.

Les enfants du camp de Talaramba

Thursday, June 01, 2006

Beaucoup de grisaille et un vent de découragement

La mini tornade qui s’est abattue sur Mirissa dimanche dernier fait écho avec ce que je vis depuis mon retour …. Beaucoup de grisaille et un vent de découragement.

Les retrouvailles avec Simon et l’équipe ont été chaleureuses. J’ai aussi retrouvé avec grand plaisir les femmes du projet couture.


Des décisions sont à prendre.

A côté de cela des décisions sont à prendre et ce n’est jamais simple. Simon et moi aimerions que le projet continu mais il est vrai que nous n’avons plus la même énergie qu’il y a un an.
Nous avons beaucoup fait pour aider les femmes à retrouver un emploi et le constat aujourd’hui est un peu décevant. Beaucoup d’entre elles ont interrompues leur activité. Elles n’arrivent pas à se prendre en charge et demandent de l’aide en permanence. Nous sommes un peu épuisés par tant d’inertie.
Sentiment d’être face à un puit sans fond ou d’une vis sans fin …Nous les avons aidé à retrouver du travail mais elles continuent à nous en demander toujours un peu plus.

- Aruni ne veut plus venir emballer les sacs car le trajet de chez elle à l’atelier (environ 10 minutes) lui semble trop long. On a donc salarié une autre femme du camp et maintenant elle pleure pour réintégrer l’atelier.
- Betlinona arrête de faire les marchés (il est vrai qu’elle est âgée) elle voudrait maintenant une machine à coudre
- Gnanakanthie, pour qui nous avions ré-ouvert le magasin l’a fermé faute de clients, (le magasin était dans le camps et presque tout le monde a été relogé ailleurs).Elle veut maintenant intégrer le projet couture

Dilhani, il y a quelques mois fière de ses premières crêpes!


- Dilhani à qui nous avions acheté un gaz cooker et le nécessaire pour faire des hoppers (sorte de crêpes) n’en fait plus car elle n’a plus de gaz (elle aurait pu prévoir et mettre de l’argent de côté).
- Champika qui avait trouvée un emploi dans un café internet grâce aux cours d’informatique que l’association lui avait payé, a démissionnée…

Nous ressentons un fort sentiment d’attente et de passivité alors qu’il pourrait leur être possible de saisir l’occasion de réussir et de s’en sortir. La plupart des familles sont surendettées et n’ont plus qu’à mettre leurs bijoux en dépôt en échange de quelques roupies en attendant des jours meilleurs. Le Tsunami n’est pas seul responsable ….

Inauguration de la maison d'Indrani



Bonne nouvelle, la plupart des familles sont relogées dans des maisons en dure, nous sommes allés à l’inauguration chez Indrani, mais certaines, qui ne possédent pas officiellement un terrain se retrouvent à la rue une nouvelle fois. C’est désarmant mais que pouvons nous faire ? De grosses ONG proposent de construire gratuitement des maisons, mais le problème est le même, il faut que les familles aient un terrain. Nous restons totalement démunis devant ces femmes en pleurs qui viennent nous demander de l’aide.

Les nouvelles de l’Ayubowan Café ne sont pas très bonnes non plus.



Simon s’est beaucoup investi dans ce projet.
Il a fait de nombreux travaux dans sa maison pour y accueillir cette « boutique-café». Mais la destruction des nombreux panneaux indiquant l’emplacement du lieu (à priori par certains habitants du village) et l’accueil mitigé de certains autres nous a forcés à fermer cet espace et à en trouver un autre moins isolé. (voir le blog de Simon pour plus de détails : ayubowancafe.blogspot.com)
Après avoir trouvé et restauré un nouveau lieu, nous sommes, une nouvelle fois obligé de renoncer. Deux personnes se déclarent maintenant « propriétaires » mais personne n’a de papiers officiels. Nous préférons laisser tomber plutôt que de créer de nouveaux problèmes et être mêlé à des histoires qui nous dépassent et que nous ne maîtrisons pas. L’Ayubowan Café 2 tout beau, tout bleu situé sur la rue principale n’est déjà plus !

Nous envisageons donc maintenant d’implanter cette boutique dans le lieu même de l’atelier et d’attendre le retour des touristes … !

Il nous apparaît clairement désormais que la meilleure solution serait de se retirer en douceur avec l’espoir que ce projet continuera grâce aux femmes qui nous ont accompagnées et soutenues jusque-là.