Sunday, July 31, 2005

Un petit texte pour l'ambiance

Sous un toit de fortune

Sous un toit de fortune, l’espace théâtral est cerné de corde tel un ring. Le décor : une cabane de bambou ouverte tient lieu de vestiaire et les acteurs respectivement se griment, s’habillent ou cherchent un peu de repos, allongés à même le sol.
L’avant scène est occupée par une jeune femme enceinte vêtue de blanc, allongée sur un matelas. La scène se déroule de nuit, du coucher du soleil à son lever. Se succèdent sur le plateau quatre acteurs masculins, jouant principalement des rôles de femmes. Le spectacle est dansé et chanté au rythme des deux tambours situés à gauche et à droite de l’espace. Les chants sont lancinants et répétitifs et les musiciens répondent aux acteurs. Un nombre infini de cérémoniaux se succèdent avec toujours de nouveaux décors étonnamment créatifs dont la matière première ne varie guère : bambou et feuilles de bananiers.
La raison de ce spectacle vivant est l’exorcisme de la jeune femme qui est possédée par le démon. Les émotions se succèdent entre rire et drame. Des torches flambent de tout côtés. L’encens brûle pendant que les danseurs se succèdent au rythme du tambour avec les clochettes accrochées à leurs chevilles. Soudain, l’un des acteurs entre en transe ; les hommes le tiennent et le soutiennent ; il s’écroule enfin au pied de la femme enceinte qui au même moment entre en transe elle aussi ; toute la famille s’attroupe autour d’elle ; grande agitation ; le mari fond en larme, la tension est palpable parmi les spectateurs.
Famille, voisins, enfants, tous sont venus pour voir l’exorcisme, les uns avec leurs chaises plastiques, les autres avec leurs nattes. Enfin, quelque temps avant l’aube, la danse des démons tant attendue par chacun commence. Vêtus d’un juste au corps noir blanc et rouge, les acteurs portent une jupe à quatre volants qui laisse voir leur jambes jusqu’aux genoux, où sont accrochées de multiples clochettes qui marquent le rythme. Un masque disproportionné couvre leur visage, et une tignasse de coco fait office de cheveux. Contraste entre le tragique de leur danse, avec des bambous en feu à bout de mains, et les discours humoristiques qui font rire aux éclats le public.

Saturday, July 30, 2005

Donation


Vos dons

Comme vous pouvez l'imaginer tout cela n'aurait pu se faire sans vos dons qui sont l'indispensable levier de ce projet. Les investissements sont nombreux, démarrage des projets personnels, salaires des couturières, de la traductrice, de la prof. Investissement en tissu, et en communication .et j'en passe. La décision de repousser les exportations de quelques mois repousse aussi le "retour sur investissement," vos dons sont donc toujours les bienvenus si certains hésitaient encore. Je vous ferai un rapport financier en bonne et due forme à mon retour...je surveille la comptabilité au plus près.

Societe generale code banque 30003
Code guichet 03152
numero de compte 00048022681 cle 48


Ce projet est aussi le votre et j'espère bien pouvoir à mon retour vous faire don de mon enthousiasme et de toutes les émotions et transformations que vous avez provoquées auprès de ces gens.
Solène

La vie au camp, le livreur de pain

Wednesday, July 20, 2005

Petit aparté…



Il y a des situations dans l’humanitaire qui par leur décalage deviennent parfois comiques. Au risque de vous choquer sachez que je suis nourrie depuis quelques temps par les donations de l’UNICEF. Depuis quelques semaines les habitants de Mirissa reçoivent régulièrement des dons de nourriture. C’est un défilé chez moi de voisins qui m’amènent leurs colis. Même si le Tsunami a dévasté toute la côte, il n’y a pas de famine et les gens mangent plus qu’a leur faim. Le gouvernement a distribué des coupons d’alimentation pour le riz, le dal, le sucre et le thé. Impossible de leur faire manger autre chose que le rice and curry. Je dois donc décrire le produit et expliquer comment ils se cuisinent… Ils reçoivent des patés de tchécoslovaquie, des flocons d’avoine des Etats Unis, des pâtes de Chine, des biscuits du Japon, des haricots rouges en boite…et .summum du thon en boite, seul et unique poisson qui accompagne tous des jours leur riz et curry mais qu’il n’ont jamais vu que sur le port et jamais au fond d’une boite de conserve ! Je leur explique donc que le pâté se met sur du pain , n'ont pas besoin de beurre ni de sucre !....que les flocons d’avoine c’est énergétique et qu’il faut les mélanger avec du lait ou de l’eau ……que les pâtes il n’y a rien de plus simple a cuisiner ….ect ect et finalement, d’un air dégoûté et inquiet ils me tendent leurs rations !!!! Je leur fait la morale avec humour : qu’ils exagèrent, qu’il y a des pauvres gens dans le monde entier qui se privent pour eux et qu’ils pourraient faire un effort et manger autre chose que leur rice and curry ! Le must hier et j’en ris encore c’est quand la voisine m’a déballé une veste en polaire rouge doublée et matelasée avec un bonhomme de neige imprimé, le tout avec l’etiquette de prix : 39 livres !!( ils sont pas pingres les anglais …..) ce dont était accompagné d’un autre : une epaisse couverture de laine grise…….sachant que la chemise en coton à manche courtes c’est déjà de trop par ces chaleurs qui ne varient guère tout au long de l’année. J’ai pensé mais c’est pas encore fait leur racheter les couvertures pour en faire des sacs !!!! J’renvoie les couvertures à l’expéditeur en produits transformés !!

Sunday, July 10, 2005

Le professeur de couture



Minuit….dans le jardin de l’auberge de jeunesse de Colombo…..

Me voici à Colombo depuis hier en compagnie de Cristelle, Simon et Julie. Simon était le responsable de l’association Mirissa for live, il reprend son avion pour Paris demain après 5 mois ici…Julie a aussi travaillé trois mois au sein de l’association et repart pour Grenoble. Le départ des volontaires est toujours très poignant, l’intensité de ce qui est vécu ici laisse des traces et quitter le pays est un vrai déchirement pour chacun. Pour moi c’est un tournant aussi car notre amitié était forte, et je regretterai leur présence à Mirissa.

La semaine dernière a été riche encore une fois. J’ai enfin trouvé une prof de couture, c’est une femme veuve avec trois enfants a charge, elle habite relativement loin mais mes propriétaires la loge, elle est donc devenue ma voisine. Il y a donc au final 15 femmes du camp qui viennent prendre les cours, sacré boulot pour faire les plannings avec leurs obligations respectives mais jusqu'à présent elles sont assidues. Quatre d’entre elles sont capables aujourd’hui de coudre, la production est donc lancée et les premiers sacs vendus car la liste d’attente a Mirissa était longue.
En parallèle je reçois donc chez moi en entretien individuel chaque femme du camp – avec Bouddhika comme traductrice- pour définir leurs envies …question que personne ne leur a jamais posée et qu’elles ne se sont jamais posées elles-mêmes. Les réponses ne sont guére variées et c'est un peu désespérant car sorties de la couture elles n’ont aucune imagination. Une idée commence à germer dans mon esprit, démarrer une petite production de confitures….les confitures ici sont infâmes or les fruits sont nombreux, cela aurait certainement beaucoup de succès auprès des hôtels et guest house…on en reparle ! c’est encore un peu tôt.

Pour revenir aux sacs ….me voici sur une nouvelle idée dans la continuité …..Aujourd’hui les camps composés de tentes sont petit a petit remplacés par des maisons en bois provisoire. Les ONG se retrouvent donc avec un stock de tentes absolument plus en état de resservir. J’ai donc pensé que je pourrais récupérer le tissu pour en faire des sacs. Je trouve que le symbole est plutôt heureux de penser que ces tentes ont fini leur usage, il y a donc une évolution dans la situation des Sri Lankais, que grâce aux dons de tous les pays, ils ont pu être logés et que maintenant ils vont pouvoir recycler ces tentes et en tirer un revenu. J’ai donc contacté les ONG par mail et j’ai eu mon premier rendez vous a Galle la semaine dernière, Project Galle a trouvé l’idée très bonne et me met ses tentes a disposition….me voila partie pour une nouvelle aventure….
Pour fêter cela nous sommes allées avec Christel nous offrir un verre de vin dans un grand hôtel (avec nos deniers perso, nous n’en sommes pas encore à l’abus de biens sociaux !) et là, au hasard d’une rencontre je persuade deux femmes belges à la recherche de produits locaux pour un spa qu’elles ouvrent a Bruxelles de faire travailler les femmes du camp. Nous repartons à 2 heures du matin avec trois contrats sous le bras, réaliser des sandales en tissu, un sac pour les tenus de yogas et un carcan pour les matelas. J’aime beaucoup ces contrastes entre les visites dans les camps auprés de gens totalement démunis mais toujours accueillants et souriants et la fréquentation des grands hotels…étrange sensation de vivre entre ces deux mondes avec la même empathie.

Je suis donc à Colombo pour trouver les matériaux nécessaires à la commande.

Nous profitons aussi de notre passage ici pour faire éditer des cartes postales qui accompagneront les sacs. Je ne pense pas vous avoir parlé de cela mais il me parait important de joindre au sac une petite note et Christel a passé une bonne partie de sa semaine a faire la photo ….nous avons trouvé un bon imprimeur et je vous laisse la surprise. ….mais les délais sont Sri Lankais !!
Enfin la raison principale de ma présence ici est l’arrivée de mon amie Michelle qui vient me rejoindre pour le tournage du documentaire …..Grande aventure en perspective !

Merci encore pour vos dons qui arrivent au Sri Lanka et en France, ils sont fort utiles car les investissements en tissus, machines, cartes postales et salaires (traductrice et prof) nécessitent un investissement de départ.

Autre nouvelle importante, j’ai eu rendez vous hier avec le consulat de France pour leur demander conseil sur la marche a suivre quand à la structure………rien n’est simple évidemment, en gros ils conseillent de continuer en outsider tant que les importations ne sont pas trops importantes puis de créer une sociéte sur place. A suivre….

Malingka le professeur de couture

Chandrika